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La famille Team 10, une nouvelle façon de discuter l'architecture
Introduction
Il est assez complexe de définir unitairement le Team 10, tant du point de vue historique que théorique, la faute à une multiplicité d’individus et d’idéologies. On peux néanmoins tenter d’en brosser les caractéristiques principales et les fondations historiques qui ont présidé à sa création. Il est ainsi d’usage de lier l’apparition du Team 10 à la scission de jeunes architectes des C.I.A.M. Les C.I.A.M (pour Congrès Internationaux d’Architecture Moderne) étaient une organisation fondée en 1928 autour du noyau du Corbusier, de Walter Gropius et de Siegfried Giedion, dont le but était de donner une visibilité internationale à une architecture nouvelle, fermement opposée à l’académisme. Lors des congrès, les membres débattaient de sujets très variés, ce qui tend à montrer que l’organisation avait non seulement un but culturel mais aussi un but politique et social, dont l’influence dépassait le domaine de l’architecture1. Le groupe reprochait aux « anciens » du mouvement moderne une multitude de choses qu’il convient de rappeler, même si le Team 10 s’est également inscrit dans un principe de continuité du mouvement moderne2, préférant lui donner un nouveau souffle que de l’enterrer. Les principaux reproches qui ont été faits aux C.I.A.M sont l’absence de positions concrètes face à un monde en changement, et le manque de considération du contexte urbain dans la création architecturale. La Charte d’Athènes, signée en 1933, proposait des principes généraux rationalistes mais peu pourvus en applications concrètes, de même qu’elle cherchait à trouver un standard absolu, applicable dans n’importe quelle situation. L’universalisme extrême voulu par les C.I.A.M évitait aussi la prise de position politique, tout cela permettant de rassembler un maximum d’architectes et théoriciens autour de mêmes principes modernes, mais consensuels.3 Cet attachement à d’anciennes valeurs de l’urbanisme et de l’architecture va faillir dans la période de l’après-guerre et la reconstruction, qui va ensuite laisser place aux Trente Glorieuses et à la société de consommation. On ne peut plus désormais croire totalement au progrès technique, qui n’a pas apporté que du bonheur à l’Humanité, en témoigne l’utilisation néfaste de la science pendant le Deuxième Guerre Mondiale (bombardements, chambres à gaz, bombe atomique). C’est pourquoi, en 1953, un petit groupe se forme au sein du C.I.A.M IX à Aix-en-Provence, se chargeant d’organiser le Congrès suivant en 1956 à Dubrovnik (le dixième, d’où le nom de « Team 10 »), qui permettra d’affirmer la sécession.4 En 1959, le Congrès d’Otterlo marque la dissolution des C.I.A.M. Autour des personnalités centrales comme Aldo Van Eyck, les époux Smithson, Shadrach Woods, Jacob Bakema, Giancarlo de Carlo, qui seront les piliers du groupe, vont graviter de nombreux architectes, fondant ainsi une « famille »5, autant confrères qu’amis. Jusqu’en 1981, le Team 10 se réunira officiellement 18 fois, beaucoup plus si l’on prend en compte les réunions amicales et informelles qui eurent lieu. Pour les membres du Team 10, il semble maintenant évident que le groupe s’est définitivement dissolu en 1981 à la suite de la mort de Jacob Bakema6, supprimant ainsi l’alchimie qui pouvait avoir lieu dans les discussions au sein du groupe. Car en fait d’unité, il s’agissait non pas de constituer une entité unique et puissante (comme les C.I.A.M), qui chercherait d’avantage l’universalité, mais bien de faire une équipe aux multiples regards, pour faire évoluer les projets par la confrontation permanente du travail en cours face aux autres architectes.
Au départ, j’avais choisi d’aborder la question de l’unité et du multiple au sein du Team 10, mais afin d’éviter de trop survoler le sujet, j’ai choisi de m’intéresser à la question de la « famille » du Team 10 et son fonctionnement, que la première problématique englobait précédemment. Ma problématique est ainsi conservée mais traitée seulement en partie. Afin de favoriser la comparaison, j’ai retenu les ouvrages suivants :
– L’ouvrage de référence, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present ;
– Un document contemporain, « Team 10 at Royaumont 1962 », paru dans la revue Architectural design en 1975, qui doit (devrait ?) retranscrire fidèlement la réunion de Royaumont, et qui de fait apporte du matériau de réflexion « brut » au sujet ;
– Le premier document rétrospectif sur Team 10, « Team 10 + 20 », dossier paru dans la revue L’architecture d’aujourd’hui en 1975, qui aborde le point de vue des architectes principaux du mouvement sur leur propre œuvre, mais aussi celui de théoriciens de l’architecture, donnant ainsi à réfléchir sur la vision qu’on peut avoir du groupe et de ses réalisations ;
– Un ouvrage collectif, Le Team X et le logement collectif à grande échelle en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie, qui rappelle les fondements théoriques du groupe comparés à ses réalisations.
De par leur diversité d’origine, de type, de détail, d’approche (et donc de recul), ces sources peuvent être confrontées assez facilement, l’intérêt n’étant pas de cibler leurs différences évidentes mais bien de les mettre en regard avec la problématique. On peut aussi remarquer que, parmi les quatre publications, deux sont contemporaines au Team 10 (1975), et deux autres sont récentes (2005 et 2008), ce qui permet de comparer leur approche dans leur contexte historique : l’heure des premiers bilans pour les premières, la rétrospective sur le travail achevé pour les secondes.
Ces quatre références ne sont bien entendu pas exhaustives, et il conviendrait d’ajouter d’autres ouvrages, qui n’ont pas trouvé leur place dans le travail final. Globalement, les différentes références bibliographiques étaient accessibles, et j’ai choisi ces quatre ouvrages pour leur diversité de points de vue et d’origine. Je n’ai pas réellement cherché à prendre les « meilleures » références mais celles qui me paraissaient les plus comparables.
Pour tenter de répondre à ma problématique, axée sur le rapport entre les membres du Team 10, ce travail est composé d’une part de fiches de lecture sur chaque ouvrage, d’autre part d’une analyse croisée qui tentera de confronter les sources et leur façon d’aborder le groupe du Team 10 et les architectes qui le composent.
1 KOHLRAUSCH, Martin, « Die CIAM und die Internationalisierung der Architektur. Das Beispiel Polen », Themenportal Europäische Geschichte, 2007 (http://www.europa.clio-online.de/2007/Article=258)
2 À l’issue de la réunion de Royaumont en 1962, le groupe enverra un télégramme à Le Corbusier disant « À l’attention de M. Le Corbusier, nous continuons, merci. », Fondation Le Corbusier, D3 19.210, lu dans Le Team X et le logement collectif à grande échelle en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie, p. 20
3 Difficile de généraliser à ce sujet, les auteurs émettant différents avis sur la question. Néanmoins, il apparait que les références bibliographiques attribuent la raison de la sécession à ces critiques générales, qui on le verra sont sujettes à discussion.
4 CURTIS, William, L’Architecture moderne depuis 1900, Paris, Phaidon, 2004, page 442
5 Terme fréquemment utilisé par Alison Smithson à propos de Team 10, par exemple dans le Team 10 Primer, Cambridge, MIT Press, 1968
6 TEAM 10, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present, Rotterdam, NAI, 2005-2006, page 12
Fiches de lecture
Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present
Ouvrage collectif, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present a été édité en 2005 à Rotterdam par Max Risselada et Dirk van den Heuvel. S’appuyant sur les archives personnelles des architectes concernés, ils ont rassemblé un grand nombre de documents écrits et iconographiques, le résultat étant ce livre et une exposition. Cette dernière s’est déroulée à l’Institut Néerlandais d’Architecture (NAi) de novembre 2005 à janvier 2006 avec le concours de l’Université de Delft7, où enseignent les deux auteurs Dirk van den Heuvel et Max Risselada. NAi Publishers est une maison d’édition spécialisée dans l’art, l’architecture et l'urbanisme, qui publie des ouvrages en collaboration avec des institutions culturelles et des agences d’architectes néerlandaises. On est donc en droit d’attendre un recueil rigoureux d’écrits et d’illustrations de qualité, qui brosseraient de façon complète le sujet. Les auteurs disposent en effet d’assez d’éléments pour constituer une retranscription complète et exhaustive du Team 10, d’autant plus qu’en 2005, date de parution, le recul sur Team 10 semble suffisant, avec le décès des membres emblématique et les 20 ans passés depuis la fin officielle du groupe.
Première « monographie » existante sur Team 10, ce livre retrace l’histoire du groupe d’architectes à travers trois parties. La première relate chronologiquement les réunions et événements importants du Team 10, les textes étant écrits par divers historiens dont les directeurs de publication ; la deuxième recueille douze essais rétrospectifs répartis en trois parties visant à explorer les origines de Team 10 et son approche de l’architecture et de l’urbanisme ; la troisième retranscrit des entretiens réalisés dans les années 1990, dans lesquels des anciens membres du Team 10 évoquent leurs expériences. Puisées dans les archives des architectes du Team 10, les illustrations sont foisonnantes et d’une grande variété : photos-souvenirs parfois teintées de nostalgie (par exemple pour l’hommage à Jacob Bakema, page 241), plans originaux, photos des bâtiments construits, schémas et diagrammes des architectes, textes divers montrés à l’état brut. Les auteurs ont choisi de donner deux degrés d’importance à ces images : en grand, large pour la partie historique, donnant tout leur sens aux faits et aux projets présentés ; en petit, ajustées aux colonnes pour les essais et les interviews, soit la partie théorique, où les mots ont sans doute plus d’importance. Les images en paysage justifient le format horizontal du livre qui leur donne une place de choix, comme si le livre avait été fait pour les images elles-mêmes. En tant que catalogue de l’exposition (même si c’est un peu plus qu’un catalogue à proprement parler), le livre semble être mis en page comme une scénographie d’exposition : un grand titre et une simple colonne de texte à côté d’illustrations. Cette relation avec une exposition parait évidemment moins évidente pour la partie théorique, qui semble clairement moins adaptée à une présentation scénographiée.
Dans leur préface, les auteurs rappellent la difficulté à retranscrire fidèlement l’histoire du Team 10. Issu d’expériences diverses et personnelles, le groupe n’a en effet pas de véritable point de départ, même s’il est communément admis que Team 10 est issu de la scission avec les CIAM après le congrès d’Aix-en-Provence (1948). Ainsi, le but de l’ouvrage n’est pas tant de retranscrire exactement l’histoire du Team 10, mais d’en montrer les éléments importants, pour que le lecteur puisse comprendre les principes théoriques du groupe et sa chronologie. C’est pourquoi il est mal approprié de qualifier cet ouvrage de « monographie » pour le Team 10, qui n’est ni unitaire comme un architecte ou un mouvement, ni historiquement situé. Il aurait été erroné d’aborder le Team 10 comme une complète multitude en relatant les architectes du groupe successivement, parce que les réunions du Team 10 cherchaient l’avis multiple, la confrontation idéologique et non l’association par intérêt qui aurait permis une meilleure visibilité au plan international. Le Team 10 ne cherchait ni le compromis idéologique, ni la totale dispersion de ses membres, et ce principe se ressent dans l’ouvrage de Risselada et van den Heuvel. Le livre n’a pas d’idée arrêtée sur la question du Team 10 et se contente de fournir au lecteur les clés de la compréhension, sans non plus verser dans la compilation fade de sources. Il convient de rappeler à ce titre que les différents articles qui évoquent les réunions sont écrits par divers auteurs, qui choisissent de nous montrer non pas le contenu de la réunion mais ce qu’on peut en tirer comme conclusions, souvent au regard d’autres projets ou réalisations des architectes. Cette façon de thématiser les réunions rend le contenu plus attrayant car organisé et synthétisé (voir la fiche sur « Team 10 at Royaumont 1962 »), même s’il correspond du coup beaucoup moins aux débats qui ont lieu à la réunion. Il apparait donc que la finalité de cet ouvrage est de donner une véritable lisibilité du Team 10 dans son ensemble, alors même qu’un ouvrage de ce type était encore inexistant. Avec ce livre, le groupe devient accessible à tous avec la qualité de ses images et la clarté de son propos. Pour les auteurs, l’enjeu était de réaliser un véritable ouvrage de référence qui pourrait servir de base à tout travail ultérieur sur Team 10, les sources étant les architectes acteurs du groupe, aussi bien au niveau du texte que des illustrations. Ceci se remarque dans le titre de l’ouvrage, allusion à la préface du Team 10 Primer par Alison Smithson, qui explique le travail des architectes du Team 10 comme une recherche construite en conformité avec son temps et ses technologies, qui de fait est « utopique par rapport au présent »8. Le « in search of » s’ajoute peut-être pour signifier le manque de certitudes du Team 10 (le groupe n’a produit aucun manifeste réel9), qui a toujours cherché sans jamais trouver une seule solution, préférant à cela le tâtonnement vers de nouvelles idées. Il apparait ainsi que les auteurs ont voulu laisser une grande partie de l’ouvrage aux architectes, préférant laisser une large place à l’image pour la partie historique (seule partie vraiment rédigée par les auteurs et leurs collaborateurs) pour mieux rendre la parole aux architectes ensuite. Sorte de mémoire imprimée du groupe, l’ouvrage tend à rendre vivant le Team 10 à l’heure où il semblerait que ses membres soient restés dans l’ombre du mouvement moderne.
Pour mieux comprendre « Team 10 at Royaumont 1962 », j’ai choisi de lire la partie dédiée à cette réunion dans l’ouvrage de référence. J’ai ainsi pu comparer le document « officiel » d’Alison Smithson à ce qui en est dit dans Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present. L’introduction résume les projets présentés, le contexte et le thème général de la réunion, en rappelant les différentes problématiques en jeu. Les auteurs de l’ouvrage dégrossissent ainsi la réunion en posant les questions majeures qui en ressortent : en concevant des bâtiments, peut-on anticiper leur croissance, leurs changements ? Comment peut-on intégrer du neuf dans l’existant ? Cette analyse me semble juste : à la lecture du compte-rendu d’Alison Smithson, ce sont en effet les deux thèmes qui apparaissent le plus souvent. L’ouvrage de Risselada et van den Heuvel rend ainsi plus claire le thème de la réunion « Urban infrastructure and the grouping of building », large s’il en est. Avec des questions simplifiées, le propos des architectes est clarifié et même unifié : même si les réponses sont différentes, les questions concernent tous les architectes. En ce sens, l’unité du team 10 n’est pas celle d’une doctrine ou d’une idéologie mais peut-être celle des préoccupations principales. Pour étayer les différents point de vue des architectes, l’ouvrage présente ensuite des projets des principaux intervenants, mais les projets présentés ne sont plus les mêmes qu’au cours de la réunion. Les différents auteurs composent chacun un article sur un projet, analysant succinctement les intentions des architectes et leurs effets architecturaux, avec l’appui conséquent des images, commentées rapidement, en lien avec le discours. Pour chacun des textes, il en ressort que ce sont les images qui donnent un vrai sens au texte et non l’inverse, de sorte que l’on est peut-être plus tenté par la présence écrasante des illustrations, très belles par ailleurs. Malheureusement, si pour quelqu’un qui a déjà lu le compte-rendu de la réunion ces analyses peuvent apparaitre comme des plus-values, le lecteur néophyte risque de ne pas comprendre pourquoi on lui montre des projets qui n’ont pas été cités auparavant. D’autant plus que le choix d’extraire de la réunion une sélection rapide de projets exclut de nombreux bons projets, alors mêmes que certains sélectionnés n’ont pas beaucoup de sens si on le compare à la contribution de l’architecte à la réunion. Le choix de ne prendre que les architectes bien connus de Team 10 peut être justifié par le principe de continuité historique, le lecteur pouvant alors suivre l’évolution des architectes au sein du Team 10 ; mais d’un autre côté, il aurait peut-être été judicieux d’apporter quelques précisions sur des architectes comme Kurokawa ou le duo Dean-Richards, qui n’ont pas été des éléments principaux du groupe mais des contributeurs qui manquent à l’appel dans Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present. C’est d’ailleurs une des intentions affirmée des auteurs : rendre compte des membres les plus importants du groupe que sont Bakema, Candilis, De Carlo, Van Eyck, les Smithson, cela sans doute pour mieux faire ressortir l’unité du groupe. Si les auteurs avaient choisi de montrer systématiquement tous les acteurs de Team 10, le contenu aurait apparu comme décousu et difficile à suivre pour le lecteur.
À mon avis, cet ouvrage remplit avec succès son pari de départ, celui de rendre compte du Team 10, de ses membres, de leur façon de répondre aux problèmes posés par l’architecture moderne. Le texte des auteurs, souvent succinct, se passe de détails pesants et laisse place à des illustrations de grande qualité qui ne se détachent pas du propos. Sans dire qu’il est aisé de lire d’une traite cette ouvrage, il faut tout de même signaler qu’il se laisse lire avec passion, justement parce qu’il est ludique, sans jamais être trop simple. En effet, la mise en page est épurée, belle (dans l’air du temps ?), et le format horizontal, à défaut de rendre la lecture confortable (le livre est grand et volumineux), permet un aller-retour facile entre texte et illustrations. La structure du livre en petits contenus facilement lisibles les uns après les autres (résumés des réunions, interviews, etc.), suggère bien que nous avons affaire à un ouvrage qui ne se lit pas linéairement comme un roman, mais plutôt par sauts selon les intérêts et les envies. Dans cet ouvrage, les auteurs partagent avec passion leur sujet, soucieux de le rendre accessible. En ce sens, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present est inédit car il met potentiellement dans toutes les mains les recherches du Team 10. Reste que pour clarifier et rendre plus concis le propos les auteurs doivent faire de grandes coupes, notamment en évinçant de nombreux acteurs secondaires du Team 10, mais c’est un moindre mal.
7VAN DEN HEUVEL, Dirk, « Team 10 a utopia of the present exhibition : september 24 2005 – january 8 2006 at the Netherlands Architecture Institute (NAi), Rotterdam », Team 10 online, 2005 (http://www.team10online.org/)
8SMITHSON, Alison, Team 10 Primer, Cambridge, MIT Press, 1974
9Le seul manifeste, The Doorn Manifesto, a été signé avant l’existence réelle du Team 10 en 1954. Selon Dirk van den Heuvel, ce manifeste était même sujet à polémique entre les jeunes membres allemands et anglais des C.I.A.M, il ne faisait donc pas l’unanimité dans le groupe.
«Team 10 at Royaumont 1962»
Ce document, paru en 1975 dans la revue Architectural Design, est un compte-rendu de la réunion du Team 10 dans l’abbaye Royaumont, dans le Nord de la région parisienne. Ce lieu, souvent utilisé pour des rencontres culturelles et artistiques, a finalement été choisi, à défaut de pouvoir reconduire la réunion au musée Kröller-Müller à Otterlo. D’abord perdus, les documents issus de la réunion ont ensuite été retrouvés. Clarissa Woods avait ensuite commencé le travail de retranscription, mais n’ayant pu finir elle a passé le relais à Alison Smithson qui retravailla le contenu pour qu’il ne répète d’autres publications précédentes. Axée sur la thématique de « L’infrastructure urbaine et le groupement de bâtiments » [Urban infrastructure and the grouping of building], la réunion s’est orientée autour de deux principaux points, celui du rôle de l’architecte dans la conception et la validité de ses choix au regard du temps ; celui de l’intégration des nouveaux bâtiments dans le contexte urbain existant10. Le texte retranscrit par Alison Smithson est organisé comme la réunion a pu l’être, c’est-à-dire dans un ordre chronologique, divisé en interventions d’architectes. Il en résulte un contenu mal équilibré même s’il a été remanié11, l’intervention de Christopher Dean et Brian Richards fait par exemple 5 pages, celle de Bakema une seule. L’absence de hiérarchisation des données – les rares indices qui permettent d’affirmer cela sont dans les interventions elles-mêmes, où les protagonistes rappellent les paroles de la veille pour mieux saisir les contradictions de leur interlocuteur – permet en revanche d’alterner aléatoirement grandes discussions et plus restreintes, de sorte que les longs discours apparaissent plus aérés.
L’enjeu de cette publication est donc d’exposer les théories du Team 10, avec un recul de 13 ans qui a pu voir émerger les concrétisations de ces théories. En introduction, Peter Smithson explique que cette réunion avait un regard visionnaire sur les constructions des architectes alors présents, qui ont fait aboutir leurs projets ou concepts. Ainsi, la retranscription « à chaud » de la réunion de Royaumont (c’est-à-dire la théorie) permet de la mettre en perspective avec les bâtiments construits qui en ont découlé (l’application). De plus, selon Alison Smithson, cette réunion a été exceptionnelle dans l’histoire du Team 10 puisque le groupe, en pleine ébullition, était encore au complet (Shadrach Woods et John Voelcker moururent peu après), et les discussions qui y eurent lieu furent parmi les plus perspicaces du groupe. Cette préface révèle par ailleurs un détail d’importance : comme ce sont des architectes du Team 10 qui ont rassemblé les documents, on peut aisément imaginer la visée de cette publication, celle d’affirmer les positions du Team 10 à travers un document qui se veut authentique. Étant donné qu’Alison et Peter Smithson étaient d’importants collaborateurs de la revue Architectural Design12, on peut même se demander si le lectorat n’est pas déjà acquis aux causes du Team 10. Mais qu’en est-il du lecteur néophyte qui découvre le Team 10 ?
Car si à première vue, il semble intéressant d’avoir accès à un document contemporain sur un événement, dont les débats ont théoriquement été retranscris fidèlement, le fait que ce soit une architecte active dans le mouvement qui ait retranscrit les notes pose deux problèmes. Le premier est celui du recul, car si pour l’auteure le sujet des débats semble évident, pour le lecteur ce n’est pas forcément clair, il manque quelques ajouts aux dialogues pour comprendre certaines issues. S’il y a le texte, il nous manque des gestes, les regards que pouvaient utiliser les architectes en discutant. De plus, si le document est bien illustré par des photographies, des plans et schémas qui mettent en valeur le débat, il manque la correspondance entre le discours et le diaporama que montre chaque intervenant au début de sa présentation – avant que les discussions ne dérivent vers d’autres sujets. Et si l’on peut voir les illustrations des projets présentés, on n’a presque aucune photo de l’application a posteriori des idées avancées par chacun, alors même que Peter Smithson estime que c’est à Royaumont qu’ont mûri ces projets.
La rupture entre intentions et réel résultat de la publication se voit évidemment à la lecture du document lui-même, où l’unité voulue par Alison Smithson n’apparait pas à cause du rendu retravaillé des dialogues. Les architectes présents semblent en effet exposer successivement des points de vue pas forcément liés entre eux, donnant une impression de non-discussion où chacun développe son propre discours sans écouter l’autre. Si les avis des architectes sont bien souvent pertinents et intéressants, notamment sur la façon de lier le bâtiment à la ville, ou sur la façon d’intégrer l’usager dans le processus de création (voir plus bas), ils demeurent décousus, parce que les différents acteurs ne débattent pas. De plus, certains projets présentés sont largement contestés, et ce qui devait être une discussion amicale devient une inquisition aux accusations parfois péremptoires. Afin d’y voir plus clair, j’ai tenté de rassembler les différents points de vue des architectes pour mieux en faire une synthèse – elle est impossible si l’on cherche à mettre en commun toutes les prises de positions, mais certaines idées ressortent dans l’ensemble. Globalement, les architectes affirment qu’il faut prendre en compte de façon exhaustive les besoins finaux de l’usager en étant à leur rencontre. Dans une société où le changement de logement est possible (pas partout cependant), deux modèles sont alors permis : permettre la flexibilité dans le logement, qui amène à trouver une sorte de modèle large et applicable au plus grand nombre ; ou forcer un modèle idéalisé supposant le déménagement si l’usager n’y trouve pas sa place. Le choix est ainsi au centre des débats, de même que la croissance du logement, et par là même de la ville. Se basant sur une stratification plutôt qu’une hiérarchisation des différentes échelles, de la cellule à la ville voire au pays, les membres du Team 10 font souvent des aller-retours entre les échelles, articulant les logements dans les bâtiments, les bâtiments au tissu urbain, les bâtiments entre eux, etc. À ce titre, Aldo Van Eyck présente le diagramme leaf/tree qui insinue un rapport équivalent entre feuille et logement d’une part, arbre et ville d’autre part : comme pour la feuille et l’arbre, le logement est une petite ville, la ville est un grand logement. Il m’a paru amusant de constater que ce diagramme est montré comme un manifeste du Team 10 dans certains ouvrages, alors même que seul Van Eyck en est partisan, les autres rejetant une analogie pour eux erronée et mensongère : les divisions apparaissent clairement dans la réunion. Pour revenir aux rapports d’échelle, ceux-ci sont censés permettre l’identification de l’habitant à son logement, à son quartier, à sa ville. Facilitant ce rapport de l’usager à l’environnement urbain, la conservation des anciens édifices (les Smithson pour Cambridge), leur réhabilitation (Van Eyck pour le centre-ville d’Amsterdam) semble primordiale, de même que l’insertion des nouveaux bâtiments en bonne entente avec l’existant.
Au final, la publication du compte-rendu de la réunion de Royaumont présente l’avantage de donner au lecteur la possibilité de savoir ce que pense le Team 10 mais aussi là où il n’est pas d’accord, contrairement à ce que pourrait laisser penser le nom généraliste donné au groupe. Mais il faut souvent s’accrocher pour suivre le fil des débats et comprendre ce qu’exprime chacun des interlocuteurs, alors même que l’intention initiale du document semblait être la clarification des pensées du Team 10. Pour compléter cette impression, une autre hypothèse pourrait être qu’Alison Smithson, chroniqueuse officieuse du Team 1013, a choisi de nous montrer non pas l’unité du groupe mais vraiment sa multiplicité. C’est en lisant l’introduction au Team 10 Primer, « The aim of Team 10 »14, qu’on peut comprendre plusieurs éléments. Le premier est que le principe de Team 10 est de confronter ses projets aux autres, de façon à comprendre ses propres idées et les améliorer. Alison Smithson ne parle nullement d’idéologie commune dans ce texte, mais bien de mise en commun et de discussion. Ainsi, le Team 10 se construit autour d’une relation interactive dont le lien serait non pas un manifeste mais une préoccupation pour une « utopie du présent » (voir la fiche de Team 10 1953-81). Cette formulation conduit à un deuxième élément de taille : en tant que chroniqueuse du groupe, Alison Smithson a peut-être créé tout un vocabulaire, un univers, et même peut-être une mythologie autour du Team 10, sans lequel on ne se serait peut-être jamais autant intéressé au groupe – ou alors la tâche aurait été plus complexe. Team 10 n’a que peu laissé d’archives sur lesquelles des études pouvaient se reposer15, et les différents témoignages des architectes ont permis de reconstituer l’histoire du groupe. Celui d’Alison Smithson, forcément partial, revêt un intérêt particulier dans sa totalité parce qu’il a suivi toute l’histoire du groupe, et il est difficile de juger une seule publication prise à part. Pour moi, « Team 10 at Royaumont 1962 » reste au final un compte-rendu difficile d’accès en raison de son manque de structure, qui génère de la confusion dans une hypothétique unité du groupe, malgré une évidente synthèse du discours. Est-ce à dire qu’il aurait fallu résumer la réunion ou la laisser au contraire à l’état brut ? Non, parce qu’Alison Smithson, en publiant ce compte-rendu dans la revue Architectural Design, sait que son lectorat connait le Team 10 et adhère sûrement à ses principes : les époux Smithson collaborèrent activement à cette revue qui faisait en quelque sorte la publicité de leur travail au Royaume-Uni, comme Carré Bleu en Finlande et en France ou Forum aux Pays-Bas16. Dès lors, la publication reste figée dans son époque en ne se revendiquant pas comme autosuffisante, elle apparait plus comme un complément à la compréhension du sujet. On ne peut donc pas reprocher à Alison Smithson de n’avoir pas cherché à être didactique, mais seulement regretter de ne pas disposer de plus de clés pour la compréhension de cette réunion, qui ne manque pas par ailleurs d’interventions riches en intérêt.
10 TEAM 10, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present, Rotterdam, NAI, 2005-2006, page 100
11 « Team 10 at Royaumont 1962 », Architectural design, vol 45 N°11, novembre 1975, page 664
12 TEAM 10, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present, Rotterdam, NAI, 2005-2006, page 199
13 RISSELADA, Max dir., Team 10 – Between modernity and the everyday, Delft, Université de Delft, 2003, page 16
14 SMITHSON, Alison, Team 10 Primer, Cambridge, MIT Press, 1974
15 RISSELADA, Max dir., Team 10 – Between modernity and the everyday, Delft, Université de Delft, 2003, page 6
16 TEAM 10, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present, Rotterdam, NAI, 2005-2006
«Team 10 + 20», L’architecture d’aujourd’hui, #177
Sur un dossier de 66 pages, la revue L’architecture d’aujourd’hui propose une rétrospective des 20 ans passés alors du Team 10. Ce magazine, crée par André Bloc en 1930, a suivi l’architecture moderne et ses architectes jusqu’en 2007, année de disparition de la revue, avant de reparaitre en 200917. En dessous du sommaire de ce numéro 177, on peut lire une note de la rédaction qui explique la limitation du dossier aux architectes majeurs du Team 10, certains membres ayant été évincés faute de pouvoir accéder aux documents (en raison de grèves postales). Aussi, la sélection des architectes n’est pas intentionnelle, contrairement à d’autres ouvrages sur Team 10. Le dossier « Team 10 + 20 » est composé, d’une part, de parties distinctes chacune dédiée à un architecte en particulier, où l’on trouve les édifices majeurs, décrits et illustrés par les architectes eux-mêmes (et parfois par d’autres auteurs) ; d’autre part de deux essais théoriques, l’un de Jerzy Soltan au milieu du dossier, l’autre de Kenneth Frampton en conclusion. Un rédacteur du magazine, Brian Brace Taylor, également historien, critique, auteur et collaborateur à une dizaine de livres sur l’architecture, signe une préface au dossier qui rappelle les événements fondateurs du Team 10 et ses enjeux majeurs. Les trois essais viennent ici aérer les suites de dates pour chaque architecte, et les lient même en croisant les réalisations qu’on a eu l’occasion d’observer, en particulier l’essai de Kenneth Frampton.
Comme dit précédemment, l’unité historique du Team 10 est impossible à reconstituer. Néanmoins, le rédacteur rappelle les événements fondateurs du groupe, qu’il est inutile d’expliquer une seconde fois. Il est à noter que Brian Brace Taylor, alors même que le groupe est encore en activité, voit trois phases dans le développement du Team 10 : une première de contestation des C.I.A.M ; puis une seconde durant laquelle le groupe a suffisamment pensé et publié pour être reconnu et influent ; une dernière qui marque en quelque sorte la fin du Team 10 en tant que mouvement, sachant que ses acteurs se sont pour beaucoup éloignés des principes établis initialement. Dans ce dossier, cette introduction est indispensable à la compréhension du contenu : on n’y trouvera pas un historique unifié du groupe mais les grandes réalisations des architectes phares, mais il est quand même nécessaire de justifier cette forme éparpillée en mettant en valeur les points d’unité du groupe. C’est par la similarité d’approche des projets qu’il est possible de comprendre les ressemblances – et différences – au sein du Team 10. De cette façon, le lecteur peut se faire une idée précise de l’influence de chaque architecte dans la relative unité du Team 10. Avec l’introduction qui vulgarise l’histoire du Team 10, les deux essais permettent également de saisir la cohésion du groupe, alors que les présentations individuelles visent à élargir au maximum le champ de vision du lecteur, par un brossage chronologique des œuvres des architectes. Le dossier fourni au lecteur toutes les clés de la compréhension, mais c’est à lui de véritablement faire les liens pour tenter de comprendre le Team 10 et ses questionnements. Le simple fait que les commentaires des projets soient extraits des publications de leurs architectes semble signifier cette intention : les phrases sont courtes, analytiques, et présentent les intentions de façon concise et claire. Le lecteur peut dès lors saisir les subtilités entre architectes, leurs aspirations individuelles et leur évolution dans le temps, sans qu’il y ait une synthèse extérieure qui troublerait d’emblée le propos. Évidemment, les textes ont été choisis et découpés, mais le geste parait invisible tant la parole des architectes a été respectée. Les textes des architectes sont soit issus d’ouvrages d’eux-mêmes, soit de rapports divers ou même écrits pour les besoins du dossier, et cette diversité d’origine rend le ton plus varié, tantôt descriptif, tantôt analytique, de sorte que le texte n’est jamais lassant dans son style. Il est même probable que les architectes, impliqués dans la construction de ce dossier, on même présidé à la mise en page qui varie selon les architectes : les commentaires varient en longueur, les images prennent une dimension variable, etc. De plus, des textes de divers collaborateurs (dont un mystérieux M-C G.) parsèment le dossier, apportant tantôt des précisions sur un bâtiment, tantôt sur un architecte. Quant aux illustrations, elles sont nombreuses, et bien souvent de grande qualité et diverses : photographies des constructions et du mode de vie des habitants, plans (parfois trop petits), projections et photomontages, issues des archives des architectes. Les commentaires de ces images permettent de bien tout comprendre, par exemple quand les dessins techniques sont trop petits ou que le texte sur un croquis est illisible. Pour un public néophyte, il devient dès lors possible de comprendre les plans qui pourraient lui être hermétiques. Avec les présentations dans l’ordre chronologique, on a donc un dossier didactique et accessible, apportant de bonnes clés de compréhension sur le sujet, sans pour autant affirmer l’unité du Team 10.
L’essai de Jerzy Soltan apparait comme un hommage au groupe, avec une fois de plus la répétition des faits historiques, mais surtout une définition personnelle de la scission entre C.I.A.M et Team 10. Si le premier s’attachait à fédérer par une rationalisation extrême et des simplifications de l’architecture, il parait évident que pour rassembler des architectes qui se ressemblent il faut de la subjectivité. Aux principes fonctionnels du logement, le Team 10 ajoute de la poésie, de la sensibilité, de l’imagination. Pour Jerzy Soltan, le Team 10 cherchait une esthétique qui permettrait la satisfaction du plus grand nombre. Les façons d’y arriver étant multiples (presque infinies), cela favorise le dialogue, même si au final personne ne pense la même chose. Jerzy Soltan écrit ici, en quelque sorte, un éloge du Team 10 où il exprime sa reconnaissance au groupe qui lui a permis de faire progresser ses idées en tant que théoricien. Le titre, La médiation amicale – même s’il se rapporte aux architectes au sein du team 10 – met directement en jeu ce rapport de l’auteur au groupe, qui n’est ni idéologique, ni intéressé, mais simplement amical. Pas vraiment membre reconnu du groupe, pas vraiment commentateur complètement distant – car partisan du Team 10, Jerzy Soltan fait un peu office d’entre-deux qui peut se permettre d’écrire sur le Team 10 parce qu’il a vécu le mouvement, tout en ayant construit sa propre voie.
L’essai de Kenneth Frampton est situé à la fin du dossier, de sorte qu’il forme une idéale conclusion au sujet, mais cette fois-ci non pas en généralisant (comme en introduction) mais en s’appuyant sur les exemples étudiés dans le dossier qu’il est désormais possible de comparer, le lecteur ayant tous les éléments nécessaires à sa compréhension. D’ailleurs, Frampton précise d’emblée qu’il n’est pas possible dé résumer le Team 10, mais seulement d’y apporter quelques commentaires qu’il convient d’approfondir. Comme dans tous les autres essais, Kenneth Frampton rappelle la création du Team 10; mais son analyse situe la véritable apparition des idées du groupe pendant la guerre avec l’avant-garde néerlandaise incarnée par Jaap Bakema, Herman Haan et Aldo Van Eyck, qui perçoivent déjà les limites du rationalisme des C.I.A.M. Ensuite, c’est pendant le C.I.A.M IX à Aix-en Provence en 1953 que la branche anglaise du mouvement moderne, avec en première ligne les Smithson, présentent une critique des C.I.A.M à travers des photos du photographe Nigel Anderson dans un quartier réinvesti par les habitants eux-mêmes. L’auteur relève ensuite des bâtiments et projets emblématiques, reliés les uns aux autres par similarité ou même opposition, par exemple entre le rationalisme avoué du début de Bakema pour Tel-Aviv, et l’opposition (toute relative) des Smithson avec Golden Lane. Au fur et à mesure de l’énumération des grandes figures du groupe, il aboutit à la faillite du Team 10 à véritablement proposer des solutions, ce qu’exprimera Van Eyck ou De Carlo. D’après Kenneth Frampton, le Team 10 retrouvera une nouvelle jeunesse avec de nouveaux membres qui n’ont pas eu l’héritage historique des membres fondateurs du Team 10. On peut comprendre ceci du point de vue du la guerre et de son traumatisme, mais aussi du point de vue de l’héritage encore prégnant des C.I.A.M dans le langage du Team 10.
On peut relever l’ambigüité de ce dossier de fournir un contenu non exhaustif, épars mais affirmant les idées unitaires du Team 10 à travers des analyses concises mais efficaces des différents projets des architectes. Peut-être ce procédé est-il une façon de ne pas répondre à la question du traitement du sujet, puisque la multiplicité (les chronologies des architectes) est clairement favorisée par rapport à l’unité (les trois essais). Derrière un titre fédérateur, « Team 10+20 » cache en fait sa lacune à véritablement montrer une cohésion dans la « famille » qui n’était pas uniquement un brassage d’individus, mais bien comme le rappelle Jerzy Soltan une association volontaire de personnalités similaires, contrairement au C.I.A.M qui ne visait qu’à faire connaitre les principes architecturaux modernes au monde. Il me semble évident que sans les essais, ce dossier apparaitrait comme une compilation incohérente de chronologies d’individus tous différents. On a l’impression que, si la qualité au sujet des architectes est bien présente, il manque une véritable mise en commun du tout, esquissée par les essais mais pas suffisamment approfondie. Les auteurs se défendent bien de vouloir créer une unité à l’ensemble, il n’empêche qu’il aurait été judicieux d’ajouter quelques éléments de compréhension supplémentaires, afin de véritablement répondre à la problématique impliquée par le titre, ceci afin de rendre le dossier totalement accessible. Mais cela était-il le but ? Si l’on connait un tant soit peu le Team 10, il n’est pas nécessaire d’avoir autant de clés de compréhension. En s’évitant de répondre à la question impliquée par le sujet, à savoir si c’est un groupe unitaire ou non, « Team 10+20 » propose une forme originale qui oblige le lecteur à relier les éléments. En abordant chaque architecte, on pourra être également tenté de creuser dans les ouvrages des architectes eux-mêmes, afin de bien saisir ces différences théoriques qui font que le Team 10 n’est pas une unité idéologique. Les trois essais (si l’on compte l’introduction comme tel) rappellent cet état de fait, tout en mettant en avant les rares points d’unité du groupe : amitié, histoire, contexte.
17« L’Architecture d’aujourd’hui », Wikipédia, l’encyclopédie libre, 2010 (http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Architecture_d'aujourd'hui)
Le Team X et le logement collectif à grande échelle en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie
Cet ouvrage, édité par Bruno Fayolle-Lussac et Rémi Papillault, rassemble neuf analyses de réalisations architecturales de membres du Team 10 entre 1950 et 1970. Il s’agit d’un acte de colloque qui s’est déroulé en 2004 à Toulouse, et chaque auteur a écrit un article sur une réalisation (et/ou un thème) en particulier. Ce colloque s’est déroulé dans le cadre de la recherche orientée sur les ZUP et grands ensembles du sud-ouest de la France, dont Toulouse le Mirail. En 2008, environ un demi-siècle a passé depuis la réalisation des bâtiments évoqués. Dans sa préface, Jean Dumas (directeur de l’organisme éditant l’ouvrage) rappelle l’aspect rétrospectif et distant de l’analyse des auteurs qui se sont attachés à mettre en perspective intentions et réelles mises en œuvre. Le Team 10 n’existant plus, il est donc temps de revenir sur les théories énoncées par le groupe jusqu’à sa fin, et de les mettre en perspective avec ce qui a été effectivement réalisé. Dans la démarche, le séminaire propose de partir des bâtiments réalisés pour creuser ensuite les fondations théoriques qui ont présidé à leur conception. Bruno Fayolle-Lussac explique que cette démarche s’est faite en trois temps :
– Le regard actuel que l’on peut porter sur le bâtiment, sa patrimonialisation récente et sa capacité à répondre, 30 à 50 ans plus tard, aux besoins de ses occupants
– La mise en rapport entre la réalisation et les intentions dessinées
– L’étude des fondements théoriques à l’origine de la conception, confrontés à la réalité construite.
Destiné à un public savant, l’ouvrage ne répond donc pas à la même problématique que l’ouvrage de référence de van den heuvel et Risselada, édité deux ans avant. Il ne propose pas de retracer la chronologie du Team 10 mais d’en saisir les intentions dans ce qui a effectivement été réalisé, la rétrospective complète étant rendue vacante. Notons également que des contributeurs comme Catherine Blain ou Dirk van den Heuvel ont participé au colloque, qui a donc pu jouer un rôle dans la conception de Team 10 1953-81, en témoignent les contributions des auteurs de Team X et le logement collectif sur le site internet dédié au Team 10. Les essais ont donc été rédigés par des spécialistes du sujet, et le lecteur est en droit d’en attendre des propositions érudites et pourquoi pas nouvelles sur le sujet.
Si l’interaction construit/écrit semblait primer selon l’introduction, il apparait que le premier chapitre est une analyse du contexte de création du Team 10, à la fois en réaction et continuité du C.I.A.M. Plutôt que de remettre une fois de plus sur le tapis les différences idéologiques, Yannis Tsiomis préfère mettre en exergue la différence contextuelle des deux groupes, en particulier du point de vue historique. Cette approche tend en relativiser les comparaisons bi-dimensionnelles qui opposent souvent C.I.A.M et Team 10, tout en remettant d’aplomb le lecteur avant les études de cas. La troisième partie est également à part puisqu’elle s’intéresse à une partie du vocabulaire théorique fondateur du Team 10, construit autour des notions de « cluster » puis de « stem » – il manque de nombreux autres mots, mais le sujet du cluster dans le titre était bien ciblé. Enfin, la dernière partie rappelle l’importance des revues Le Carré Bleu et Architecture, Formes et fonctions dans l’élaboration de la pensée du Team 10. Tous les autres essais s’intéressent à de grandes réalisations (dans tous les sens du terme), de l’Economist Building à Toulouse-le-Mirail, au regard de leurs inspirateurs (la maison Rodakis pour Candilis, encore que ce chapitre inverse la réflexion) et de leurs résultats dans la ville contemporaine. Tous les auteurs font un travail très personnel sur le sujet en reliant de façon très large la théorie et la pratique du Team 10, même si l’on a parfois du mal à saisir s’il s’agit de parler, comme le titre le suggère, des réalisations pour remonter aux fondations théoriques, ou si les auteurs n’en font qu’à leur tête. Peut-être faut-il voir ici une certaine personnalisation de la part des auteurs, qui reprennent leurs propres travaux de recherche dans leur intervention. Rémi Papillaut a ainsi beaucoup travaillé sur Toulouse-le-Mirail et en propose une analyse, sorte de condensé de son propre travail ; Dominique Rouillard renvoie allègrement le lecteur à son livre Superarchitecture : le futur de l’architecture 1950-1970 pour prolonger sa réflexion, se passant ainsi de détails dans son essai. Cette façon d’inciter le lecteur à lire son propre travail ne peut pas être condamnable en tant qu’elle agite la curiosité du lecteur ; le travers de cette pratique étant l’excessive prise de liberté des auteurs par rapport au sujet impliqué par le titre et la préface, qui était pourtant assez clair et restrictif. Pour lire cet ouvrage, peut-être est-il nécessaire de l’aborder au regard de son titre général, visible sur la tranche du livre, qui se passe de « un retour critique des pratiques vers la théorie », ce qui banaliserait le sujet de façon à pouvoir évoquer n’importe quel thème concernant les logements et le Team 10 en Europe. Mais dans ce cas l’ouvrage aurait été trop « passe-partout » et du même coup trop elliptique, d’où peut-être le choix d’un sous-titre restrictif en couverture, qui pourrait suggérer l’érudition. Dommage qu’un titre aussi précis, qui a l’avantage de ne pas être racoleur, puisse être autant bafoué par ses auteurs. Il serait cependant trop simpliste d’accuser les auteurs d’être hors-sujet si l’on voit dans leurs essais un choix d’interprétation libre à partir du sujet de colloque. Il est même possible que le titre ait été donné a posteriori, le sujet du colloque ayant été à l’origine ciblé sur les ZUP et grands ensembles en Europe18.
Par juxtaposition d’essais hétéroclites, comme tout acte de colloque, Team X et le logement collectif vise le détail plutôt que la généralité, en rendant compte d’exemples précis pour développer un thème théorique propre à chaque architecte du Team 10. Au moins s’attend-on au fait que les auteurs se séparent du classique rappel des événements historiques, largement évoqué en introduction puis en préface, puis remis en jeu dans la première partie, mais ce n’est finalement pas le cas. Sans doute est-il nécessaire, d’un point de vue purement normatif, de replacer le sujet au début de la thèse exposée ; mais ceci se fait au dépend des détails qui auraient pu être accentués si les généralités ne venaient pas les vampiriser. La forme de l’ouvrage, qui se voudrait unitaire, ne correspond pas à la suite d’essais qu’on aurait pu voir plus condensés ou au contraire plus détaillés, s’ils avaient été amputés des généralités. À ce titre, il est complexe d’étudier la forme globale d’un acte de colloque qui ne vise pas l’unité complète, aussi bien au niveau du fond que de la forme. C’est pourquoi, afin d’éviter l’amalgame, j’évoquerai successivement les essais prenant le sujet du livre à la lettre et les autres qui abordent des thématiques plus larges.
Cinq essais abordent des bâtiments d’architectes du Team 10 pour ensuite les remettre en regard des théories qui les ont précédées, conformément au titre et à la préface. Mis à part l’essai de Stefania Curea Kenley qui s’intéresse au Deck des Smithsons, tous sont placés « au milieu » de l’ouvrage – comprendre ici qu’ils sont encadrés par les autres essais, les introductions et les divers éléments de conclusion. Sorte de cœur de l’ouvrage, ils s’approchent des détails architecturaux pour revenir ensuite sur des bases générales. La structure varie d’un auteur à l’autre : van den Heuvel choisit une organisation très ordonnée et efficace avec d’abord la présentation succincte de Jaap Bakema et du contexte de construction (Leeuwarden), puis une biographie de l’architecte, pour finir sur les fondements théoriques de Leeuwarden ; Laurent Duport, sur l’extension de Bagnols-sur-Cèze, après une introduction classique (thème, contexte, courte biographie), part de l’histoire de la construction pour ensuite en analyser les effets sociologiques et urbanistiques. Mais au fond, la démarche est là même, celle de proposer une étude de cas précise d’un grand ensemble qui renvoie naturellement à l’histoire d’un architecte, ses inspirations et son apport au Team 10. Globalement, la critique annoncée par le titre se matérialise dans une analyse du résultat actuel des bâtiments, dont l’évolution a en fait beaucoup varié en fonction de la qualité des restaurations et mises au normes. The Economist Building n’a pas été modifié en profondeur, à l’inverse de Bagnols-sur-Cèze dont la réhabilitation, bien intentionnée, n’a pas été suivie de bons résultats faute d’investissement. Cela dit, les bâtiments ont parfois eu des résultats inattendus et mêmes éloignés des intentions. Ainsi, Laurent Duport estime qu’un seul quartier sur les trois à Bagnols-sur-Cèze est réussi (celui des Escanaux, malgré des parties communes « trop petites, mal éclairées, inconfortables (vent) »), les autres étant « désertés » car problématiques socialement.
Les quatre autres essais évoquent des thèmes très divers en rapport avec le Team 10, s’écartant plus ou moins du « logement collectif à grande échelle » impliqué par le titre. Dès lors, difficile de déceler une unité, si ce n’est celle du fil rouge des inspirations et des traces théoriques laissées par le Team 10. En bref, Yannis Tsiomis propose une prolongation de l’introduction en insinuant un rapport subtil entre C.I.A.M et Team 10, entre inspirations et contradictions ; Dominique Rouillard s’intéresse à deux mots tirés du vocabulaire varié et propre au Team 10 ; Panayatis Tournikiotis ne part pas d’un bâtiment de Candilis mais de la maison Rodakis sur l’île Égine, qui a été une véritable révélation pour l’architecte ; Paulette Girard évoque enfin les revues contemporaines au Team 10 (Carré Bleu et Architecture, Formes et Fonctions) et qui ont chroniqué les bâtiments des architectes du Team 10. Ces essais, ciblant des détails autour de l’histoire du groupe, proposent au lecteur des contenus rares (synthèse des revues et leur apport au Team 10, on imagine bien la quantité de matière à analyser), inattendus (une maison antique pour modèle architectural moderne), mais aussi plus convenus : rapport C.I.A.M/Team 10 et vocabulaire du groupe. Peut-être faut-il voir dans le manque de rapport de ces essais au sujet principal une sorte de complément aux autres essais, permettant d’éviter la redondance de forme ou la répétition d’architectes européens. Mais si c’en est une, cette aération aurait pu (dû ?) se placer plus stratégiquement entre chaque essai sur un bâtiment/un architecte.
En guise de conclusion, il me semble que Team X et le logement collectif, en tant que recueil d’essais, est vraiment agréable à lire car il compile différents points de vue et différentes façons de faire interagir le construit et le théorique. Il ressort que les différents auteurs accentuent sur différents mots, différentes thématiques au sein des bâtiments (le deck pour l’Economist Building, le résultat sociologique pour l’extension de Bagnols-sur-Cèze). Mais en contrepartie de cette indépendance qui a le mérite de ne jamais perdre le lecteur, les auteurs répètent bien souvent des généralités peu instructives sur la fondation du Team 10, alors que la présentation du premier chapitre suffit amplement. Comme il s’agit d’un acte de colloque, cet état de fait est presque logique, et c’est peut-être le type de publication qui pose problème, et non cet ouvrage en particulier. Ce manque d’unité se fait sentir au sein de l’ouvrage au niveau des illustrations. Si certains chapitres sont bien fournis en plans (originaux), photographies (souvent des auteurs eux-mêmes) et diagrammes, d’autres sont particulièrement complexes à comprendre. Par exemple, c’est grâce à Kenneth Frampton que j’ai pu véritablement comprendre l’influence de Nigel Anderson sur le travail des Smithson, alors que l’auteur qui évoque le couple dans Team X et le logement collectif se perd en descriptions, la grille d’images étant très petite, en noir et blanc, quand Frampton choisit de n’en montrer que des fragments, plus clairs et grands. Dans l’exposé sur l’extension de Bagnols-sur-Cèze, les images sont à l’inverse nombreuses, mais cette fois elle pêchent par leur faible variété : on voit beaucoup de photos actuelles et similaires des bâtiments, qui ne nous enseignent rien sur le mode d’habiter des gens qui y vivent. En résumé, les essais sont personnels et ont donc un véritable intérêt pour leur diversité de point de vue et leurs analyses détaillées, mais le type de la publication empêche d’avoir une lecture globale et croisée des essais, quand bien même leur sujet est captivant.
18 D’après la préface de Bruno Fayolle-Lussac, dans FAYOLLE-LUSSAC Bruno, PAPILLAULT Rémi dir., Team X et le logement collectif à grande échelle en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie, Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2008, page 21
19 D’après l’architecte responsable de la réhabilitation de Bagnols-sur-Cèze, Ibid., page 114
Analyse croisée
N.B : Afin de ne pas paraitre trop flou en abordant la question de l’unité et de la multiplicité du Team 10, j’ai choisi de ne traiter qu’une partie du plan que j’avais précédemment mis en place, celle dédiée la façon pour les membres du Team 10 de discuter l’architecture. Pour comprendre la question que j’ai choisie, je laisse dans le plan les deux parties supplémentaires définies à l’origine.
I. Team 10 et le rapport au C.I.A.M : comment situer le Team 10 ?
1. Le modèle du Team 10 en exacte opposition aux C.I.A.M
2. Les principes des C.I.A.M conservés et/ou incontournables
3. L’impossible rupture de l’héritage des C.I.A.M
II. Quelques éléments de théorie commune qui s’appliquent différemment
1. Le vocabulaire du team 10, entre permanence et évolution
2. L’adéquation à l’existant
3. La question du plus grand nombre
III. La « famille » et une nouvelle façon de discuter l’architecture
1. L’indispensable subjectivité des membres du Team 10
2. L’impossible consensus
3. La faillite du système de fonctionnement du Team 10, voué à être éphémère
Dans la question de la multiplicité et de l’unité du Team 10, la question se pose de savoir si le Team 10 était vraiment un courant idéologique, ou simplement une assemblée de pairs qui se réunissent simplement pour débattre de leur travail. À l’évidence, la réponse tient un peu des deux, bien que l’on puisse rapidement évacuer la notion de « mouvement », tant les membres du Team 10 se différenciaient dans leur approche. Ainsi, il est de mise de favoriser le principe de rassemblement amical, très cher aux membres du Team 10, qui s’est installé en réaction aux C.I.A.M et leurs milliers d’adhérents, qui n’avaient en commun qu’une volonté de faire apparaitre l’architecture moderne sur le devant de la scène. Après la phase de regroupement nécessaire pour créer une force de frappe (les C.I.A.M) vient la phase de regroupement facultatif et choisi pour tisser des liens et se confronter aux autres (le Team 10). Logique remise au point pour plus d’humanité dans l’architecture, le Team 10 est qualifié par Alison Smithson de « famille » à partir du Team 10 Primer, façon pour elle de nommer le principe du groupe soudé, non pas dans une quelconque doctrine ou idéologie mais dans sa façon de voir le métier d’architecte. Comment le Team 10 a-t-il insinué une nouvelle façon de discuter l’architecture ? Pour répondre à cette question, la bibliographie restreinte que j’ai conservée peut se justifier. En effet, ces ouvrages sont de nature très différente mais abordent tous ce sujet, de près ou de loin, frontalement ou indirectement. Ainsi, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present insiste sur les réunions du groupe, officielles ou informelles (la moitié du livre y est consacrée), cœur du Team 10 car lieu d’échange et surtout seul véritable unité du groupe. « Team 10 at Royaumont 1962 » rend compte d’une de ces réunions, et les dissensions qu’elle met en exergue au sein du groupe confirment que le Team 10 se basait sur la discussion et non le consensus. « Team 10+20 » lie les éléments du Team 10 dans des essais alors même que le dossier est consacré à la diversité de point de vue dans le groupe. Enfin, Team X et le logement collectif traite partiellement du sujet dans des parties générales sur le groupe mais aussi avec des essais sur des exemples de bâtiment qui mettent en valeur les différentes applications que les architectes ont mis en œuvre. On tentera, par la comparaison de ces quatre ouvrages, d’évoquer d’abord la subjectivité du Team 10, indispensable à son fonctionnement. De fait, il est impossible de trouver un consensus dans une assemblée comme celle du Team 10, et ce point fera l’objet d’une deuxième partie. Enfin, il semble que le Team 10, basé sur une assemblée d’individualités fortes et d’autres collaborateurs ponctuels, ne peut plus continuer à subsister dès lors que son noyau central disparait, et nous étudierons donc la faillite de son mode de fonctionnement.
Pour bien comprendre le principe de « famille » du Team 10, il faut remonter aux sources historiques, c’est-à-dire une nouvelle fois étudier le lien avec les C.I.A.M. S’il apparait que la rupture C.I.A.M / Team 10 est en partie fondée sur un mythe grossi par les membres du groupe pour agrandir sa popularité, il n’en reste pas moins que c’est au cours du Congrès d’Hoddesdon en 1951 et plus particulièrement en 1953 avec le Congrès IX d’Aix-en-Provence que les jeunes architectes se sont rassemblés, construisant leur modèle de groupe en contradiction avec celui des C.I.A.M. Principal reproche au fonctionnement des C.I.A.M : son aspect impersonnel, à la fois dû à un universalisme extrême et une volonté d’objectivité. Dans Team 10 1953-81, Max Risselada et Dirk van den Heuvel développent l’opposition de la nouvelle génération à la bureaucratie du C.I.A.M qui évinçait les jeunes et proposait des solutions universelles. Team X et le logement collectif reprend ces idées en y ajoutant un comparatif détaillé des deux entités (qui ne sera pas développé ici) : chez les C.I.A.M, c’est de la technique neutre que découlait le projet, chez le Team 10 il s’agissait plutôt d'induire un relativisme technique et une culture d’habiter. Brian Brace Taylor ajoute dans « Team 10+20 » que la jeune génération ne trouvait pas sa place dans ces congrès réunissant des milliers d’architectes, ne laissant pas de place à la personnalité. Dans la même revue, Jerzy Soltan suggère que le Team 10 a complété le rationalisme des C.I.A.M avec des émotions. Il apparait donc que le modèle de formation du Team 10 s’est démarqué des C.I.A.M en introduisant des paramètres personnels et donc subjectifs dans le système de discussions déjà utilisé par les C.I.A.M. En lisant « Team 10 at Royaumont 1962 » on se rend compte que les discussions sont animées, elles ne font jamais l’unanimité, ce qui porte à croire que le Team 10 s’est construit dans la personnalisation du débat architectural, d’autant plus que les présentations des architectes n’étaient pas contraintes par quoi que ce soit (thème précis ou mise en page normative). Cette subjectivité a empêché par ailleurs de créer un manifeste unitaire, chose réalisée de façon consensuelle par les C.I.A.M (Charte d’Athènes puis Charte de l’habitat) : Team 10 1953-81 évoque le balbutiant Manifeste de Doorn de 1953 qui ne faisait pas l’unanimité chez les jeunes, alors même que le Team 10 n’existait pas. Notons enfin que quelques éléments des C.I.A.M ont bien évidemment été gardé, à commencer par le principe même de confrontation d’idées par des réunions.
De fait, « adhérer » au Team 10 résulte d’un besoin de retrouver ses semblables pour confronter ses idées, et par là même faire progresser son travail. Pour Jerzy Soltan, c’est la subjectivité qui fédère un groupe soudé, générant des débats d’idées riches en apprentissages. Pour cela, l’auteur n’hésite pas à évoquer sa propre expérience, puisqu’il a fait partie du Team 10 au sein duquel il a pu travailler sa pensée. Plutôt que de rappeler son influence sur le Team 10, Peter Smithson préfère, dans son introduction à « Team 10 at Royaumont 1962 », mettre la réunion en perspective avec les réalisations effectives et célèbres comme Robin Hood Gardens ou Toulouse-le-Mirail, tentant ainsi de prouver le bien-fondé de la confrontation des points de vue qui permet de clarifier les idées. Pour reprendre ce principe de confrontation, Team 10 1953-81 retranscrit les réunions en montrant successivement des bâtiments, soit ceux exposés pendant la réunion, soit d’autres en rapport avec le thème de la réunion. Comme s’ils étaient présentés avec un diaporama, les projets sont mis en lumière, sans que transparaisse nécessairement le débat qu’il a pu y avoir autour. C’est globalement ce qui manque aux publications en dehors de « Team 10 at Royaumont 1962 » : par souci de clarté, les débats autour des bâtiments n’apparaissent pas ou peu, rendant les productions des architectes éparses et hermétiques entre elles, alors même qu’elles ont été confrontées au jugement des membres de la « famille. »
Ne sont-ce que les débats lors des réunions qui font du Team 10 une « famille » ? Les quatre ouvrages évoquent ce rapport amical intrinsèque, qui a subsisté après la dernière réunion du Team 10 en 1977. Avec sa quantité (et qualité) de contenu, Team 10 1953-81 va assurément plus loin en montrant un grand nombre de photographies où l’on peut voir les membres du Team 10 partager des repas chez l’un ou l’autre, poser avec humour devant un ensemble de bâtiment conçu par l’un d’entre eux, etc. Cet album-photo émouvant ne perd pas le sujet de vue, au contraire il tend à prouver les liens que l’on connait entre les membres du Team 10. Dans l’introduction, les auteurs rappellent le « respect » et la « confiance » que se vouaient mutuellement les membres du Team 10, bien après la dissolution du groupe. Dans « Team 10 at Royaumont 1962 », Alison Smithson, comme pour justifier les débats animés de la réunion, affirme l’amitié prépondérante au sein du Team 10 – et c’est peut-être cette amitié qui permettait aux architectes de se critiquer aussi ouvertement.
À l’évidence, la subjectivité comme fondation au groupe a rendu caduque l’idée de manifeste, que les architectes repoussaient d’ailleurs par idéologie. C’est dans la retranscription de cet impossible consensus que les ouvrages sélectionnés se démarquent clairement. Soutenant le principe que les architectes ont tous un parcours et des doctrines différentes, tous les ouvrages les présentent séparément. Dans Team X et le logement collectif et Team 10 1953-81 (toutes proportions gardées), il s’agit d’étudier des cas précis pour les rapporter à des généralités et des fondements théoriques. L’acte de colloque présente ces études de cas en détail pour mieux expliquer les inspirations qui ont présidé à la création de chacun de ces bâtiments, en mettant en valeur la diversité des démarches ; l’ouvrage de référence passe par les réunions pour présenter succinctement et successivement une pléthore de projets emblématiques. Quant aux deux autres publications, leur partition est faite par personnalité : dans « Team 10+20 » cela donne lieu à des chronologies des plus célèbres bâtiments, commentés par leurs architectes ; dans « Team 10 at Royaumont », cela correspond aux interventions de chaque architecte à la réunion, suivie des discussions avec les autres membres. À ce propos, on remarque que le Team 10 était à la fois dépourvu d’idéologie commune comme le rappelle Brian Brace Taylor, mais en plus il était le théâtre de conflits idéologiques violents : Alexander est ainsi sérieusement remis à sa place et Van Eyck essuie une critique acerbe sur son diagramme leaf/tree, complètement démonté par les autres membres. Ces contradictions doivent cependant être relativisées car elles sont au centre du principe de Team 10, d’après Risselada et van den Heuvel.
Si le Team 10 est fondé sur la diversité de point de vue, quelle unité peut-on trouver au Team 10 qui puisse être traité par les ouvrages ? Tout ouvrage qui cherche à aborder le Team 10 se doit à la fois de rappeler les différences en son sein, et la difficulté inhérente à en brosser l’histoire comme le contenu idéologique. Mais pour justifier un tel sujet, il faut bien lui trouve des points de convergence. Dans l’ouvrage de référence, les auteurs ont choisi d’articuler l’unité autour des réunions, véritable point central du Team 10 autant que lieu de toutes les dissensions. Le groupe a effet principalement existé au travers de ces réunions, et la publication de la retranscription de la réunion de Royaumont par Alison Smithson semble confirmer cette tendance. Pour valoriser cette unité dans le débat, Alison Smithson a retravaillé le contenu brut pour l’adapter à un dessein de « propagande » du Team 10, en supprimant les interventions qui lui déplaisaient (celle de Stirling par exemple) pour mieux répondre à la problématique de la réunion. Dans « Team 10+20 », l’auteur M.-C. G. critique cette pratique qui lui semble être trop simpliste. En accusant Alison Smithson d’avoir voulu créer une unité idéologique là où il n’y en avait pas, il justifie en filigrane le parti pris de ne présenter que des bâtiments, manifestes en eux-mêmes, dont l’étude comparative permet de bien comprendre le sujet. Un autre moyen de retranscrire l’unité du Team 10 là où il semble ne pas y en avoir peut être d’évoquer quelques points d’accord généraux, qui ont souvent tendance à tomber dans l’écueil des généralités dans les introductions ou préfaces. En développant des points de détails du vocabulaire du Team 10 ou en choisissant d’évoquer la typologie du logement « pour le plus grand nombre », Team X et le logement collectif permet de creuser ces rares points d’unité pour renverser les classiques divergences que l’on remarque dans le Team 10.
Avec un système de fonctionnement « familial » basé sur la diversité des points de vue et le regroupement amical, il semble évident que le Team 10 était voué à se dissoudre au fil de la mort de ses participants. Encore une fois, on ne sait pas véritablement situer historiquement la fin du Team 10. La dernière réunion s’est déroulée en 1977 à Bonnieux ; mais d’après les membres du groupe, il semblerait plutôt que le point final ait été signalé en 1981 par la mort de Bakema, véritable moteur des réunions. Comme les architectes ont continué à se voir amicalement, on peut se poser la question de la pérennité du Team 10. Dès 1975, l’introduction de Brian Brace Taylor au dossier « Team 10+20 » signifie la fin du Team 10, qui aurait alors connu trois phases de développement : la première étant celle de contestation des C.I.A.M ; la seconde celle de l’autonomie idéologique et la reconnaissance sur la scène internationale ; la dernière celle de la séparation des architectes des principes communs du Team 10. Alison Smithson, toujours désireuse de mettre en avant le groupe, est moins alarmiste, mais tout aussi inquiète quant à l’avenir du Team 10, qui n’a déjà plus le même enthousiasme depuis la mort de John Voelcker et de Shadrach Woods. En cette année 1975, l’heure semble déjà être celle des bilans : le dossier de l’Architecture d’Aujourd’hui fait une rétrospective des architectes au cœur du groupe, tandis que la publication de « Team 10 at Royaumont 1962 » semble vouloir faire vivre une dernière fois les réunions animées de la « famille. » Et si, dès cet époque, le système de pensée du Team 10 était déjà usé, en perte de vitesse ? Brian Brace Taylor cible la démarcation des architectes des principes du Team 10, mais Team 10 1953-81 va plus loin. En effet, selon Risselada et van den Heuvel, ce sont aussi des conflits internes entre Van Eyck et les Smithson qui ont précipité la chute du groupe, avant la mort de Bakema.
La mort peut-être prématurée du Team 10, due en partie à son mode de fonctionnement qui n’autorisait pas le renouvellement de ses membres principaux, pose maintenant la question de l’actualité des questions que le groupe se posait sur l’architecture et l’urbanisme. Même si « Team 10+20 » ne se trompait pas sur la fin du Team 10, les essais de Soltan et Frampton étaient erronés concernant la succession des membres du Team 10. Pour les deux historiens, la nouvelle génération aurait dû alors reprendre le flambeau, avec en moins les héritages post-guerre et post-C.I.A.M, qui influençaient grandement les réflexions du Team 10. On sait aujourd’hui que le Team 10 est bel et bien fini dans sa forme originelle. Néanmoins, Team X et le logement collectif et Team 10 1953-81 affirment la continuité des préoccupations du Team 10, même si la configuration sociale et économique a changé. Les Trente Glorieuses sont passées, le bloc soviétique est tombé, mais plus que jamais se pose la question du changement et de l’adaptabilité de l’architecture à un monde qui change, avec notamment une population en constante augmentation, qui rappelle la question du logement « pour le plus grand nombre » chère aux membres du Team 10.
En conclusion, le Team 10 s’est caractérisé par le fait même qu’il ne se caractérisait pas, grâce à une subjectivité inhérente voulue par ses membres, en contradiction avec le modèle des C.I.A.M. De fait, cette absence de consensus rend le traitement du sujet délicat, qui ne peut être unique. Enfin, le système du Team 10, basé sur l’amitié de ses membres, a failli dans son renouvellement, alors qu’une relève était attendue.Conclusion
Le Team 10, en tant que rassemblement d’individualités différentes, est un sujet complexe qui pose des questions particulières sur l’unité d’un groupe, son histoire, ses théories, alors même qu’il est difficile de rassembler les éléments sans tomber dans l’amalgame. Nous avons ainsi vu la diversité des points de vue que pouvait donner le Team 10 et ses problèmes, dans des publications de nature tout aussi variée. Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present brosse avec finesse l’histoire puis la théorie du Team 10, en proposant un contenu riche et passionnant, agrémenté d’illustrations dont la grande quantité ne doit pas faire d’ombre à la qualité. « Team 10 at Royaumont 1962 » se pose comme le « document d’archive » de la bibliographie retenue, même si son éditrice a fait des modifications importantes pour synthétiser son contenu. Retranscrivant la réunion du Team 10 à Royaumont, cette publication a le mérite de montrer les divergences de point de vue au sein du Team 10, à défaut d’être véritablement accessible. «Team 10+20 », publié la même année, est la première rétrospective consacrée au Team 10 en tant qu’entité unique. Elle traite chronologiquement les réalisations des architectes centraux du groupe, laissant cinq pages à une introduction générale et deux essais qui tendent à relier les architectes, même s’il apparait que c’est au lecteur de faire ses propres liens entre les architectes et leurs doctrines. Enfin, l’acte de colloque Team X et le logement collectif en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie propose a priori un sujet savant et restreint, dont l’intégrité est mise à mal par les écarts thématiques des essais, qui abordent pourtant des thèses détaillées avec précision.
Afin d’éviter une redondance excessive, il ne me semble pas nécessaire de répéter le contenu de l’analyse comparative qui dispose déjà de sa petite conclusion. Je passe donc directement à une appréciation plus personnelle du sujet. Ce dernier m’a véritablement plu, car je ne connaissais que très peu le Team 10. À l’origine, je voulais travailler sur Los-Angeles, mais je pense que Team 10 était un meilleur choix pour la curiosité qu’il suscitait en moi. Depuis le début des études d’architecture, j’ai souvent entendu parler rapidement du Team 10, sans vraiment avoir eu l’occasion d’aller plus loin. La première impression que j’ai eue était teintée d’ambiguité : pourquoi ce « mouvement » (qualificatif que j’ai certainement utilisé avant de commencer mes recherches) était-il tant de fois évoqué sans être connu du grand public ? Les sources seraient-elles accessibles ? Par chance (ou parce que Team 10 intéresse beaucoup), la médiathèque de l’ENSA Nantes dispose de beaucoup d’ouvrages consacrés au sujet, de sorte que le choix des ouvrages a été simplifié : les quatre disponibles feraient un parfait choix de bibliographie restreinte. Cela dit, ce choix un peu péremptoire ne m’a pas empêché de chercher par curiosité d’autres sources, pas forcément utiles au travail par ailleurs. Quant à la bibliographie complète, comme celle sur le site Team 10 online, elle est tout simplement gigantesque si l’on prend en compte les architectes individuellement, dont les écrits ont servi la pensée du groupe tout entier.
Dans le même sens, il m’a paru idéal de pouvoir étudier un sujet aussi méconnu du grand public qu’il est en fait fondamental. Inutile de rappeler que Team 10 a repris le flambeau du mouvement moderne, en changeant complètement de principes et d’approche, mais toujours dans une optique de recherche sur l’architecture et l’urbanisme, avec pour idéal commun l’amélioration du quotidien de l’Homme. Sand doute doit-on on à la forte personnalité de Le Corbusier d’avoir fait connaitre les C.I.A.M au grand public, alors que la « famille », plus repliée sur elle-même, n’a peut-être pas autant traversé l’histoire de l’architecture. La proportion de références au Team 10 est ainsi drastiquement inférieure à celle des C.I.A.M, la faute peut-être à une redécouverte tardive (le Team 10 a visiblement jouit d’une certaine popularité en son temps), qui mènera peut-être dans quelques années à une reconnaissance plus évidente. De plus, on connait mal le Team 10 parce qu’à part les écrits d’Alison Smithson, rien n’a été signé au nom du groupe. Les divers ouvrages expliquent souvent la difficulté pour trouver des sources et archives, et il est clair que cela n’a rien à voir avec les nombreux nombreux comptes rendus datés et les manifestes des C.I.A.M. Toujours est-il que ce « mystère » entourant le sujet m’a particulièrement captivé : ne pas pouvoir tout comprendre d’un coup, avec un simple résumé, oblige à creuser les pistes, émettre des hypothèses, pour finalement forger son propre point de vue – en émettant des réserves bien entendu.
Si l’on prend en compte la totalité des architectes du Team 10, ou simplement les membres leaders, il deviendrait plus complexe de travailler sur ce sujet. Par curiosité, j’ai prêté un peu d’attention à des ouvrages des membres du Team10. Mais difficile d’en extraire une véritable essence exploitable dans un travail sur le groupe dans son ensemble, qui en deviendrait trop vaste. Avec un peu plus de temps, peut-être aurait-il été possible de lire ces ouvrages et de les ajouter au corpus final, mais cela m’a semblé superflu. Il se pourrait que ce choix soit erroné, mais sans cela la sélection aurait été d’autant plus dure, voire impossible, en témoigne la colossale bibliographie de chaque architecte, dont la pensée a plus ou moins eu d'écho sur le Team 10.
Pour achever ce travail, je dirais que la bibliographie critique est un travail passionnant qui mène de découverte en découverte. Je crois que l’enseignement principal que l’on peut en tirer est l’impossibilité d’atteindre l’objectivité. Aucun ouvrage ne propose une vision objective sur un sujet, quel qu’il soit, ne serait-ce que par sa structure. Aussi faut-il prendre du recul par rapport à chaque publication pour mieux saisir son point de vue. Ce n’est qu’après compilation de sources diverses et à la lecture de plusieurs façon d’aborder le sujet qu’on peut tenter de comprendre les éléments, et pas à la seule lecture d’un article quelconque. L’approfondissement, qui manquait jusqu’alors dans nos travaux de recherche, peut dès lors être atteint, ceci afin de se détacher du superflu qui règne actuellement avec les médias de masse et notamment internet. Pour ma part, je n’ai que très peu trouvé d’informations intéressantes à propos d’architecture sur internet, et ce sont les livres qui apportent évidemment des connaissances précieuses. Seul bémol, dû à la nature du travail demandé plus qu’au sujet lui-même : il est impossible de généraliser sur un sujet, ou alors faudrait-il nécessairement chercher soi-même les sources à leur base, ce qui est bien entendu impossible pour un étudiant en architecture.
20 D’après les architectes eux-mêmes dans TEAM 10, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present, Rotterdam, NAI, 2005-2006
21 Son nom n’est pas dévoilé dans le dossier. Sans doute s’agit-il d’un rédacteur de la revue dont je n’aurais pas trouvé le nom...
Bibliographie
La présente bibliographie a été structurée de façon à pouvoir comprendre l’influence de chaque ouvrage dans mon travail, non pas par thématique mais par domaine d’influence. Les quelques livres qui ne rentrent pas dans une case précise ont été placés dans la catégorie qui correspond à leur principale utilité pour mon travail.
Histoire du Team 10
CURTIS, William, L’Architecture moderne depuis 1900, Paris, Phaidon, 2004
TEAM 10, Team 10 1953-81 : in search of a utopia of the present, Rotterdam, NAI, 2005-2006
BLAIN Catherine, «L’apparition du Team Ten en France», Les cahiers de la recherche architecturale et urbaine, #15, juillet 2004, p 209-230
Approfondissement théorique
« Team 10 at Royaumont 1962 », Architectural design, vol 45 N°11, novembre 1975
RISSELADA, Max dir., Team 10 – Between modernity and the everyday, Delft, Université de Delft, 2003
TEAM 10, «Team 10 + 20», L’architecture aujourd’hui, #177, janvier-février 1975, p 1-66
FAYOLLE-LUSSAC Bruno, PAPILLAULT Rémi dir., Team X et le logement collectif à grande échelle en Europe : un retour critique des pratiques vers la théorie, Pessac, Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, 2008
SMITHSON, Alison, Team 10 Primer, Cambridge, MIT Press, 1974
Compléments d’information
ROUILLARD Dominique, Superarchitecture : le futur de l'architecture 1950-1970, Paris, Édition de la Villette, 2004
KOHLRAUSCH, Martin, « Die CIAM und die Internationalisierung der Architektur. Das Beispiel Polen », Themenportal Europäische Geschichte, 2007 (http://www.europa.clio-online.de/2007/Article=258)
« L’Architecture d’aujourd’hui », Wikipédia, l’encyclopédie libre, 2010 (http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Architecture_d'aujourd'hui)
VAN DEN HEUVEL, Dirk, « Team 10 a utopia of the present exhibition : september 24 2005 – january 8 2006 at the Netherlands Architecture Institute (NAi), Rotterdam », Team 10 online, 2005 (http://www.team10online.org/)